Composter ma réalité…
Confinée
tout mon agenda annulé.
Du temps partout
des week-end à nouveau disponibles…
le rythme biologique qui revient,
le silence inimitable et le chant des oiseaux.
Des chansons en vidéo,
des artistes se rassemblent, quand-même.
De nouvelles idées qui germent partout.
Les voisins qu’on redécouvre
chez qui on sonne pour aider.
Des gens qui ont le temps de penser
et changent ou adaptent leur métier.
Des lieux de vie qu’on rénove.
Ils sont devenus une priorité.
La chute du taux de pollution dans le monde.
Les gens applaudissent et crient aux fenêtres
tous les soirs à 20h et se font coucou.
On se regarde, c’est un moment historique
dont on se souviendra toute notre vie.
Comme la coupe du monde 98
ou le 11 septembre.
La « guerre » de notre génération.
Le bruit comme seul signe de vie.
Ou bien une bougie.
Et à l’intérieur tout change aussi.
Confinés en famille 23h sur 24h, je ne peux plus me cacher.
Je suis face à tout ce que je n’ai pas réglé.
Impossible de continuer.
Quand maman fait tout à la maison et papa travaille.
Quand les écrans sont la seule occupation des enfants.
Quand j’ai ce sentiment de solitude même entourée
le manque d’équilibre dans l’organisation de ma vie
et la place qu’il n’y a pas.
Impossible d’ignorer ma colère, ma peur,
ma tristesse ou ce malaise intérieur…
J’entends par la fenêtre les parents crier
et les enfants pleurer,
ça n’arrive pas qu’à moi.
Nous avons la tête dans la merde
et plus le choix que d’aller voir…
Et si j’utilisais ce qui arrive
pour la changer en compost ?
Jouer aux alchimistes, changer ce qui me plombe en or
en allant faire mes cartes au trésor…
Alors je les enchaine…
Comment c’est de demander de l’aide,
de répartir la charge domestique
de les laisser jouer seuls sans les occuper ?
De sortir faire du sport pour prendre l’air,
seule pour récupérer ?
Peur : « impossible, mon conjoint va s’énerver,
mes enfants vont s’ennuyer et ils vont tous râler,
et je n’aime pas courir »…
Si je suis si certaine que c’est impossible,
mon cerveau imagine le pire.
Sûre que mon conjoint va dire non
je m’adresse à lui stressée,
en cherchant à le convaincre ou à me justifier.
Il va alors se sentir acculé
et réagir par la défensive ou la contre attaque.
C’est la différence entre « je te dérange ? »
et « tu es disponible ? »
Dans tous les cas on dit oui.
Sûre d’être incapable de courir
je ne vais même pas essayer
et je ne profiterai pas de la joie de me voir progresser.
Si je pense que mon enfant va s’ennuyer,
je ne lui offre pas cette opportunité
de traverser la frustration de l’ennui, quitte à le laisser râler
jusqu’à ce qu’il développe de nouvelles ressources,
cultiver son imagination, son intériorité.
L’une après l’autre j’accueille mes émotions, et je les laisse émerger.
Je « traverse » au lieu de reculer, compenser, étouffer,…
Puis l’ambiance change dedans.
La peur s’est dissoute
elle a laissé place à autre chose :
l’humour, le jeu, la confiance, la détermination…
J’ai joué à la carte au trésor.
J’ai transformé ma peur
sans rien faire d’autre que l’accepter.
Magique, non ? Naturel en tout cas….
Et je peux retourner à ma vie.
Rien a changé mais tout a changé.
C’est dedans que tout a changé…
Le nouveau ou l’impensable sont devenus possibles.
Et je peux enfin en faire ma réalité.
Le COVID a vraiment tout changé.
Certes, si j’avais été femme battue,
la carte aurait été bien plus corsée,
mais de la même façon, je n’aurais plus pu l’ignorer…