Et s’il n’y avait de bon ou de mauvais thérapeute
juste une personne chez qui je vais parce que je le sens
et dont l’expérience me nourrit :
soit qu’il est compétent et m’aide à découvrir qui je suis
soit qu’il est dans ses propres projections non conscientisées
et il me donne l’occasion de sentir ce que je ne suis pas,
me redresser pour moi, apprendre à ne pas me laisser faire.
Et s’il n’y avait pas de bonne ou mauvaise thérapie
juste différents outils que chacun a découvert pour lui
et développé pour les autres
et qui me permettent de cheminer selon ma sensibilité.
Ce qui marche pour moi ne marche pas forcément pour toi.
Et s’il n’y avait pas de « thérapeute » du tout ?
Si chaque patient était l’occasion pour le thérapeute
de venir rencontrer la part de lui que ce patient vient faire réagir
ou une ressource inconnue pour le thérapeute
que ce patient vient trouver grâce à lui
et qu’il recevra simultanément…
– vous me suivez ? –
…si chaque patient était aussi le chemin du thérapeute
parce qu’on offre jamais autant que ce qu’on a besoin de recevoir.
La vie est un échange et quand je crois que moi je sais
ou que je suis celui qui doit « donner », « aider »,
fort est à parier que je n’ai pas encore trouvé
ce que j’avais à recevoir de l’autre, en toute humilité.
Et si nous étions tous thérapeute les uns des autres ?
Si chaque être humain que je croise
était tout autant une pièce de mon puzzle
que je le respecte ou que je le méprise
si je viens vraiment la rencontrer :
–cet inconnu avec qui j’ose engager la conversation
et sa façon de voir les choses qui élargit la mienne
–ma vendeuse de vêtements qui me réapprend à m’aimer,
–cet étranger et son ouverture à des idées que je n’aurais pas même envisagées
–mon conjoint et toutes ses différences qui sont aussi dans certains contextes
des atouts que j’aurais bien besoin d’intégrer,
–cet autre qui me dérange et me donne l’occasion de dire non, de me redresser
ou bien d’apprendre enfin à le laisser être lui sans plus le rejeter :
il y a autant d’humains que de façon d’être…
–cet ami qui croit en moi ou voit ce qui me bloque, ce que je n’arrive pas à voir
–mes enfants qui m’apprennent à m’émerveiller,
à jouer, à rire, à oublier, à pardonner, à vivre l’instant…
Alors ça voudrait dire que nous sommes Un,
une grande « distribution » comme les personnages d’un film
où chaque personnage est interconnecté
Un maillage étroit et intelligent où chacun est présent
pour faire avancer les scénarios des autres.
Un timing parfait qui sait faire « reset » et réorganiser le scénario
à chaque fois que je manque une opportunité
pour me guider vers le meilleur.
L’Autre est un chemin pour moi
et moi un chemin pour lui à chaque fois.
Et peut-être même que je suis en sécurité
que quoi qu’il arrive, tout est juste, comme dans le film Next :
une personne ressource va venir m’apporter la solution…
Il me suffit de voir chaque autre comme un carte au trésor.