De l’effort au jeu
6h, je m’habille et je sors
il fait froid, il fait nuit…
Je déteste courir.
Ça me saoule le sport.
En même temps,
quand je commence ma journée en ayant couru
je me sens tellement bien ensuite !!
Je mets un pied devant l’autre
et j’avance…
fff, fff fff, fff fff…
Retour au collège Jean Perrin
à courir autour du stade cherchant des moyens
de me faire dispenser la prochaine fois
Ffff fff, fff fff, fff fff…
Mais comment peut on prendre plaisir
à courir tous les matins ?
Fff fff, fff fff, fff fff…
Je commence déjà à fatiguer.
Mon corps a si peu d’endurance…
Fff fff, fff fff, fff fff…
Et soudain je pense à la série Friends
Phoebe Buffay et Rachel Green…
…jogging à Center Parc.
Phoebe court n’importe comment
comme une enfant.
Rachel a honte d’elle
« Je cours comme ça parce que c’est amusant ! »
et finalement Rachel finit par faire pareil…
Et je me souviens ensuite…
l’année dernière mes séances de musculation
pour accompagner une amie hypersportive
avec qui j’étais partie en vacances.
Je n’avais pas son niveau.
Elle était endurante, musclée
elle tenait la série d’exercices
avec son mental d’acier.
J’allais lâcher et puis j’ai décidé
de m’amuser, d’en rire, de faire la con.
Et d’un coup les séries sont devenues
faciles à enchaîner et j’ai tout tenu moi aussi
et avec le sourire…
Fff fff, fff fff, ffffffff
Je m’arrête au milieu de la route
derrière moi…?
Personne.
devant moi…?
Personne.
Soudain je me lance,
et je me mets à courir
n’importe comment…
« perchée » dirait l’autre.
Je joue, je m’amuse…
Je ne suis plus en train de faire du jogging
je joue à courir…
J’ai l’impression d’avoir 7 ans !
Mon corps est fluide, léger, effervescent.
Et d’un coup, je n’ai plus mal nulle part
ce n’est plus difficile…
Rien n’a changé à part mon regard,
mon positionnement intérieur
mon intention…
… et je tiens jusqu’à la fin du tour,
facile.
Quel pied !
Je me sens bien, forte, joyeuse !
Le jeu, l’engrais du cerveau
comme le dit André Stern depuis des années
en parlant de l’école.
Passer de « il faut/c’est bien »
à « j’ai envie/j’aime »
Le lendemain, je cours
avec de la musique entraînante :
j’ai la sensation d’être poussée
par le rythme de la musique.
Le surlendemain, je cours
en changeant de chemin au hasard :
j’avale les montée sans même y penser.
Le troisième matin, je me laisse ne pas courir
et je fais des exercices au sol.
Le quatrième, je vais courir normalement…
…ça me repose !
fff fff, fff fff, fff fff
Courir n’est plus un effort,
C’est un jeu, une joie,
une distraction qui me fait du bien.
Cinquième jour, je cours
et je m’arrête un instant
dans ce petit parc isolé que j’aime.
Je prends le temps
de faire mes mouvements de yoga du matin :
Une pierre deux coups.
Après ces quelques étirements
courir devient encore plus facile…
Sixième jour, samedi matin.
Je tends les bras de chaque côté,
je fais l’avion au milieu de la route.
Sourire.
Puis je lève les bras plus haut…
« Jack je vole ! »
Quelqu’un en face, au loin…
Non… la honte…
Carte au trésor
Je laisse monter dans mon corps,
la sensation de honte…
Je respire pour lui laisser toute la place.
Elle monte comme une bulle,
envahit comme la peur
face à un danger mortel.
Je laisse mon corps la ressentir complètement
et ça se dissout naturellement.
Et j’éclate de rire.
Je dis bonjour et je continue à voler.
J’adore ma vie, elle est tellement plus belle est vivante
que ceux devant qui je pourrais avoir honte…
Je m’envie moi-même…
Si je suis perchée
c’est tout la haut, au paradis
et je ne compte plus jamais en descendre.
Plus peur, plus honte.
je cours à en faire des pas chassés
le visage éclairé d’un sourire.
Je cours à l’envers, je saute, je respire.
Je cours comme les actrices à la fin des films
quand elle ont réussi leur audition :
tellement d’énergie de joie qui monte
qu’il faut courir pour en faire quelque chose.
Je cours, sans effort
fraîche, éveillée, libre, vivante
Heureuse.