Du fantasme à l’Amour inconditionnel réel
« Je l’aime,
et je voudrais qu’il change
pour qu’il soit bien
qu’il comprenne que s’il allait voir dedans
il aurait moins de colère, de souffrance…
plus de paix à l’intérieur
et alors on serait bien. »
« Je l’aime
et je voudrais qu’elle change pour qu’elle soit bien
qu’elle cesse de se plaindre et aille voir quelqu’un
pour sortir ses souffrances et qu’elle se trouve enfin..
et alors on serait bien. »
L’autre est ce qu’il est parce qu’il souffre.
Changer demande d’aller rencontrer
l’origine de mon comportement.
Or ce comportement s’est créé
pour ne pas sentir ma souffrance.
Mes attitudes sont des parts gardiennes
qui me protègent.
Rester comme je suis c’est douloureux
mais c’est parfois moins effrayant que le vide de l’inconnu
l’angoisse du néant : que suis-je sans ça ?
C’est aussi moins douloureux d’en vouloir aux autres,
de remettre la faute sur l’autre,
de me mettre en colère, de rêver sans agir, de procrastiner
plutôt que d’aller sentir ce qui souffre dedans
pour que ça change.
Quand je veux que l’autre change,
alors non, je ne l’aime pas.
J’ai simplement besoin qu’il corresponde
à ce que j’attends qu’il soit,
au fantasme de ce que j’imagine
qu’on pourrait être s’il n’était pas qui il est.
Mais peut-être qu’il ne peut pas « aller voir »
ou peut-être même qu’il n’en a pas envie !
Ce n’est pas son chemin à lui.
Ce qui vaut pour moi, vaut pour moi.
Si je lâche cette pression,
ce besoin de le changer,
le convaincre, l’aider, le « sauver »
alors la pression tombe.
Je laisse monter mes regrets
de tout ce qu’on n’aura pas été.
Je pleure, je fais le deuil de cette relation
que je m’étais imaginée
à laquelle je suis tant attachée.
Et soudain, quand les larmes ont coulé
que la colère, la résistance sont transformées,
prends place l’apaisement.
Alors je vois l’autre autrement.
Je le vois pour il est vraiment.
Je vois aussi ses qualités
et je peux savourer nos moments
car l’avoir là, avec moi,
c’est bien ça le plus important.
Je peux profiter de nos instants présents,
sans le harceler, le forcer, le pousser vers l’avant
et profiter de lui tant qu’il est encore temps.
Et peut-être que si je cesse de tirer d’un côté,
il pourra cesser de tirer de l’autre.
S’il n’a plus à lutter contre moi
pour justifier ce qu’il est,
il aura l’espace de se sentir lui
et constater que ça ne lui convient pas vraiment
et qu’il a envie de changer, pour lui, pas pour moi.
Peut-être que si au lieu de me voir le critiquer ou soupirer,
il me voit heureuse et rayonner
il aura envie de tester ce chemin intérieur que j’ai pris.
Ou peut-être que si je cesse de « prendre soin de lui »
et qu’il s’effondre
il sera forcé de se mobiliser
pour commencer à remonter la pente par lui-même.
Il aura comme moi, des personnes sur son chemin.
Il découvrira ses propres ressources
et pourra commencer à écrire sa propre histoire.
Ou pas. Peut-être aussi que rien ne changera.
Et c’est peut-être très bien comme ça
car finalement tout ce qu’il est que je ne veux pas
m’a permis de découvrir qui j’étais moi.
« Oui mais ce qu’il est me fait du mal !
et je ne veux plus vivre ça… »
Alors j’ai le choix :
passer ma vie à rester, soit-disant par amour
et lutter contre l’autre pour le changer, soit disant par amour
ou commencer à prendre soin de moi.
Agir, appliquer sur moi mes propres conseils.
Certes, je vais sentir la douleur de la séparation
même si c’est pour mon bien.
Mais je peux aller le sortir en séance,
comme une carte au trésor
et ce sera terminé.
Je vais sentir la douleur de le perdre
l’angoisse du vide, de l’inconnu,
le deuil de ce rêve qui ne se réalisera pas…
je vais traverser cette sensation d’échec
(comme si la seule façon de « réussir » dans une situation
était de s’acharner
quitte à brutaliser l’autre de reproche
ou me brutaliser moi de rester).
Je vais sentir surtout
ce qui se rejoue réellement chez moi dans cette relation.
Et après, ce sera apaisé.
Libéré.
La solution sera une évidence
et je n’aurais plus besoin de le changer.
Je pourrais l’aimer pleinement à distance
sans lui en vouloir de ce qu’il est
car l’enfant en moi sera enfin en sécurité.
libre d’être lui sans besoin de changer.
Alors je peux vivre en étant enfin moi,
sans attente, colère, rancoeur,
sans reproche ni peine.
Et l’autre peut lui être pleinement lui.
Ce faisant en partant, j’aide quand même…
J’aide ceux qui vivent la même chose que moi
ceux qui me voient et n’osaient pas.
J’ouvre une porte : l’amour n’est pas subir ni sacrifice,
il est de laisser à l’autre le droit d’être lui,
libre de faire ses choix.
Il est d’agir en fonction
pour me préserver moi,
comme je le laisse lui
faire ce qui est bon pour lui.
Je leur ouvre un autre possible :
prendre soin d’eux à leur tour
en mettant de la distance à leur amour
protéger leur enfant intérieur,
garantir leur intégrité,
et vivre enfin sa vie en paix.