Il y a ceux qui sont coupés
de leurs sensations
pour ne pas sentir
tant la souffrance a été grande
quand ils étaient enfants.
Et il y a ceux qui sont hypersensibles.
Chaque sensation intérieure et extérieure
vient les déstabiliser
comme le vent courbe une brindille.
Ils détectent le moindre changement de ton
le moindre geste
le moindre regard
trait du visage
non-dit, ironie.
Tout les touche
Ils sont sensibles à la manipulation
sensibles à la souffrance
ils ont l’art de la compassion
voire même la confluence
ils s’excusent de tout
et s’adaptent en permanence.
Eux aussi ont souffert bien sûr.
D’ailleurs souvent les « hyper »
sont en couple avec les « coupés »
car on sent pour eux et c’est confortable.
Mais c’est épuisant
de sans cesse deviner et aider
sans jamais être soi-même rencontré.
L’hypersensibilité n’est pas une fatalité
c’est une part gardienne
qui s’est mise en place
pour de bonnes raisons.
Enfant elle a permis de se protéger
des réactions des adultes
des réactions hostiles et brusque
subies sans avoir le droit de s’en protéger.
Qu’il est devenu nécessaire d’anticiper
pour pouvoir les éviter.
En détectant les besoins et l’état des adultes
pour s’adapter et correspondre aux attentes
les hypersensibles ont assuré eux-mêmes
leur sécurité d’enfant.
Les « hyper » feront de bons thérapeutes
car ils sentent tout ce que vit l’autre.
Mais pas tant qu’ils sont « hyper ».
Car lorsqu’on on est envahi
par les sensations de l’autre,
on ne peut pas les supporter.
Et on prive l’autre du droit
de ressentir ce qu’il ressent
et d’avoir les réactions naturelles
qui vont avec.
On a besoin qu’il aille bien.
On a besoin de le sauver.
Or ce que le corps ressent
ce que la vie apporte à l’autre
est aussi la pour une bonne raison.
Thérapeute ou parent
l’idée est de pouvoir simplement accompagner
sans empêcher l’émotion de l’autre
sans être touché au point de vouloir
faire taire ses sensations
lui trouver des solutions
sans quoi l’autre patient ou enfant,
va craindre de ressentir
comme si c’était un problème
va devenir fragile ou dépendant.
Il ne sera plus centré sur lui
mais sur son impact sur nous.
Et il va finir par se faire taire lui-même
et devenir coupé.
L’hypersensibilité n’est pas utile
La sensibilité simple suffit.