Et j’ai aussi goûté un autre trésor :
le cheminement.
Le plaisir du processus,
une carte après l’autre.
Au début, je voulais trouver
une façon d’accompagner
qui me permette de tout régler
en une seule fois.
Impossible.
D’une part, les émotions qui jaillissent
sont si intenses, à chaque séance
qu’on y survivrait pas.
Ni à la décharge peur, colère ou tristesse qui sort
ni à la sensation d’extase qui suit
et semble me dilater le corps
quand la lumière et les ressources
reviennent prendre leur place.
Le conditionnement s’est mis en place progressivement
il se défait progressivement,
à mesure que je redeviens solide
et que ma part gardienne est ok
pour descendre encore un cran plus profond.
Comme dans la Reine des Neige 2.
D’autre part, parce que le plus délicieux
c’est de savourer le processus.
Il est le principe même de la vie…
Un enfant ne nait pas opérationnel.
Il grandit, apprend, teste, rate,
change d’avis, recommence.
Il joue à vivre, se sentir, se découvrir,
progressivement. Il savoure le processus.
Un joueur déguste son jeu vidéo :
il découvre la carte, les mystères, les indices.
Il avance et reçoit de nouveau pouvoirs,
de nouveaux alliés.
Le jeu est intéressant parce qu’il évolue avec lui.
Dans une série télé,
les personnages se bonifient,
se complexifient.
L’histoire captive et tient en haleine.
On s’attache aux personnes,
on a hâte de connaitre la suite.
Ce qui est délicieux
sur le chemin de cette carte au trésor,
qu’est La Vie,
c’est précisément le chemin :
voir se présenter le prochain moment difficile,
prendre rendez-vous,
sentir les choses se libérer sans effort
quand la vie était si difficile jusqu’ici
et constater que ma vie s’est transformée !
Comprendre alors d’où je viens,
comment j’en suis arrivée là.
Avoir de la compassion pour moi
et savoir que ce truc là, c’est fini.
Récupérer mes ressources,
les unes après les autres
et savourer ce résultat d’autant plus délicieux
que j’étais mal avant.
Et voir arriver le « problème » suivant
en sachant que c’est « juste » la prochaine aventure.
Oui, si on m’avait dit avant
que la souffrance aurait une fin,
je crois que j’aurais savouré le chemin.
Moi j’enchainais les épisodes
quitte à ne pas dormir de la nuit
et me gâcher le plaisir de regarder.
Alors oui,
vivre sa vie comme une carte au trésor
c’est rencontrer ses problèmes
les uns après les autres,
ça prend du temps.
Comme ça a pris du temps
de perdre mon enfant moi
année après année,
blessure après blessure.
En même temps, les problèmes sont là.
Au moins, cette fois, on les règle
sans éviter, compenser, étouffer ou faire semblant.
Et lorsqu’on se redresse
lorsqu’on tient enfin sur ses jambes,
sans peur et sans colère,
quel délice !
Après, vous êtes libres de vous satisfaire
de ce trésor là
ou bien de saisir l’occasion
du prochain malaise dans votre vie
pour continuer à jouer
et tout transformer
jusqu’à l’existence sur mesure
dont vous rêvez…
Alors ? On s’y met ?
Chaque voyage commence
par un premier pas.