Il y a la colère que je reproduis
comme celle qu’avait mon parent.
Celle qui soumet mon enfant
parce qu’il a peur de moi.
Si je prends conscience
que mon enfant apprend en me regardant
et qu’il va devenir avec ses proches
ce que je suis avec lui
alors je préfère faire ma carte au trésor
et faire cesser en moi ce modèle.
Ainsi je deviens le changement
que je veux voir dans le monde
un monde où l’abus de pouvoir
n’est plus le moyen d’arriver à ses fins.
Il y a la haine qui vient
d’un autre modèle parental :
« aimer c’est tout donner,
dire non c’est méchant ».
Mais quand je dis oui à l’autre,
que je fais tout pour lui,
que je m’oublie totalement,
alors il y a l’instinct de survie.
J’explose.
J’en veux à l’autre
de ce que j’accepte pour lui
depuis si longtemps
en pensant que c’est ça Aimer.
Ou bien je lui en veux de ne pas faire pareil,
de ne pas porter mes besoins
comme je porte moi ceux des autres.
Alors je le culpabilise
de faire ce qui est juste pour lui
alors que moi je me fais passer après
jusqu’à l’épuisement.
Si je prends conscience
que le problème vient de moi
que ma colère est en fait signe d’épuisement
alors je préfère faire ma carte au trésor.
Là encore je deviens le changement
que je veux voir dans le monde,
un monde où chacun a le droit
de prendre soin de soi
pour ne plus faire porter le poids
de sa frustration ou son bonheur aux autres.
Et puis, il y a la rage
qui vient de l’impuissance
quand je suis face
aux cartes au trésor de l’autre
et qu’il ne s’en rend pas compte :
quand l’autre estime que je dois lui dire oui
parce que lui m’a dit oui avant,
lorsqu’il estime normal
de crier, critiquer, se moquer
me regarder de haut ou s’imposer à moi
parce qu’il est l’adulte
et que je suis un enfant
parce qu’il est hiérarchique
et moi le subordonné,
parce qu’il est l’homme ou la femme,
et que c’était comme ça chez lui,
parce qu’il est celui ou celle
qui ramène le plus d’argent
parce qu’il est dirigeant, médecin,
ainé ou plus âgé,
qu’il se croit mieux formé que moi,
mieux nanti, plus intelligent,
expérimenté ou rationnel,
que ma vision des choses
lui est tellement inaccessible
qu’il la trouve nulle, stupide,
dérisoire, naïve ou « perchée ».
Si je prends conscience
que cette rage est celle de mon enfant intérieur
qui aurait tant voulu
être reconnu par son père,
et aimé par sa mère
alors je viens faire ma carte au trésor
et je réalise que sous cette colère,
il y a des torrents de larmes.
Et une fois les larmes pleurées,
il reste la paix.
Alors cesse en moi naturellement
et sans effort, ce besoin de démontrer
qui je suis et ma valeur,
je ne suis plus touché(e)
par les mots ni les regards.
Je suis disponible
si l’autre désir me rencontrer
pour trouver ensemble
une voie commune
qui me respecte autant que lui.
S’il ne le souhaite pas,
je sais m’aimer quand même,
être une mère pour moi
et me protéger, un père pour moi
de sorte de pouvoir faire ce que je sens,
sans que l’autre ne puisse m’en empêcher.
Et bizarrement,
quand on a fait ses cartes au trésor
et qu’il n’y a plus de réactivité en soi
on n’attire de situation qui nous mettent en colère…