De l’origine de la procrastination
Bien cachée à la maison…
Je bloque devant mon ordi…
C’est là, c’est maintenant…
Aller vas-y ! Ouvre la page administrateur…
Commence, écris, passe à l’action !
Tout est à jour, rangé dans maison.
J’ai passé tous les coups de fil en retard.
Il n’y a plus rien à faire d’autre
que de commencer mon projet.
Aller, faut y aller maintenant.
L’émotion monte : mon nez pique, ma vue se trouble…
Cette sensation… ce ne sont pas des larmes de tristesse…
mais quoi ? La peur ? Peur de quoi ?
Les larmes sortent, coulent.
Puis l’émotion se dissipe.
Mais la sensation désagréable
est toujours là, dans mon ventre…
La peur des critiques, mémoire cellulaire
d’expériences passées ?
Peur de me sentir en danger, fragile, exposée ?
Non, j’ai déjà fait celle-là – rejets, attaques, conflits –
ça a laissé place à de nouvelles ressources…
la confiance, la sécurité intérieure
quels que soient les retours…
Je sais que je ne serai pas accueillie toute entière
ni aimée par tout le monde. Et c’est ok.
…mon ventre…
c’est comme si une main se serrait dedans…
…comme si commencer ce blog c’était sauter dans le vide.
Alors quoi ? Le syndrome de l’imposteur ?
« Qui suis-je moi, pour faire ça ? »
Non, non plus. Je l’ai aussi traversé celle-là.
Et j’ai récupérer la ressource « authentique »,
sans filtres, ni peur.
Ecrire c’est une évidence. C’est ce que je suis.
Je ne le fais pas pour sauver, aider, ni convaincre.
C’est là, c’est tout.
Alors quoi ? L’enfant intérieur ?
Il veut avoir le droit de dire non. ?
La liberté d’être aimé même s’il ne fait rien de sa vie ?
Ben non, ça aussi, c’est fait.
…des mois que je me laisse le droit de ne rien faire,
avec patience et lâcher prise,
ni blog, ni livre, ni rien.
L’enfant dedans, il s’ennuie.
Il mange pour compenser mais il a bien envie de jouer.
D’exister.
Et il sait maintenant qu’il n’a aucune obligation
ni de moi-même ni de mon couple d’ailleurs.
J’ai de la chance…
Aujourd’hui, je peux être juste thérapeute
ou juste mère ou même SDF, comme ma soeur.
Et ce sera très bien aussi.
Ma valeur n’est plus liée à un titre ou un niveau social.
Ces « morts » là, je les ai traversées.
J’ai juste envie d’écrire…
Alors quoi ? La peur de vivre ?
Rêver sa vie plutôt que vivre ses rêves ?
Non plus.
La télé, vivre par procuration, j’ai déjà donné.
C’est trop fade. Ça ne me suffit plus.
C’est comme la différence entre
regarder quelqu’un monter à cheval
et monter à cheval soi-même.
Ou regarder la mer et plonger dedans.
Regarder les jeux ou gagner la médaille d’Or.
Je veux gouter, ressentir même si je dois échouer.
Je n’ai plus peur, j’ai faim de réalité. Je veux vivre.
Alors, la peur de l’échec ?
C’était ma carte au trésor de cet été ça ! 🙂
Mais maintenant, c’est derrière :
je n’écris plus pour les compliments, ni la reconnaissance.
Je n’ai plus d’attente, ni de pression.
J’écris pour partager mon expérience,
un autre accès possible au paradis sur Terre.
J’écris parce que les mots sont en moi
et demandent à être écrits.
J’écris comme d’autres cuisinent, chantent,
comptent, soignent, dessinent, inventent…
J’écris parce que c’est nécessaire
et c’est plus difficile de ne pas le faire.
Et bien alors vas-y ! Ecris !
Agis, va vis et deviens ! Qu’est ce que tu attends ?
Ma main s’approche du touch-pad…
mon ventre se crispe encore une fois, fort.
Mais quoi bon sang !?! C’est quoi cette sensation ?
Pourquoi est-ce douloureux d’écrire ?
Puisque la vie est supposée être vécue sans efforts ?
Carte au trésor…
Ok, c’est parti :
– C’est comment ?
– Ben, j’ai mal au ventre, ça fait mal.
J’ai envie que ça s’arrête.
Mais je ne sais pas comment faire…
– Ok, si ce n’est pas négatif ?
Si cette sensation était le chemin, un message ?
Si c’était utile, si ça avait toute sa place ?
Si, une fois de plus, la solution était le coeur du problème ?
Essaie de ne pas juger ce que tu sens comme une douleur.
Vas-y, ressens, décris : que se passe-t-il dans ce ventre ?
– Un truc crispé… comme… une crampe…
non, une… contraction.
Oui… Oui ! c’est ça ! c’est comme une contraction…
comme à l’accouchement, ça me fait le même effet !
– Et ça te parle dans ta vie ça ? Un truc a accoucher ?
– Ben… oui, c’est ce que je suis en train de faire…
Tout ce qui est lové en moi depuis des mois
est en train de naitre dans ce blog.
C’est comme si je sentais quelque chose sortir de moi,
se matérialiser dans mon ventre, attendant de sortir.
D’être accouché.
Et ce que je sens, ça fait comme des contractions…
C’est logique,, j’accouche littéralement de mon projet.
C’est dingue !
Une fois de plus, cette sensation que j’ai jugée désagréable,
que j’essayais de fuir et d’éviter était bien le chemin !
Il ne s’agissait pas de la faire taire
mais de la ressentir, la vivre, la laisser s’exprimer.
Cette sensation est intense
comme l’enfant en classe sort dans la cours en criant,
le cheval lâché dans la prairie part au triple galop.
Comment la tension avant le top départ de la course,
l’orgasme quand le cerveau trouve la solution à un problème,
le trac au moment de monter sur scène…
Ce que je sens n’est pas « négatif »
c’est juste inconfortable et inhabituel.
Ce n’est pas la souffrance, c’est de l’énergie.
Comme une énorme boule d’énergie…
Douloureuse parce qu’elle vient de loin,
de profond : ça sort intense, puissante, nouvelle, créatrice…
Ce n’est pas la peur… c’est la vie.
Je suis en train de sentir la vie…
comme la décharge avant l’orgasme.
Le délicieux vertige au moment de lâcher
et s’abandonner à l’action.
La seconde qui fait tout basculer.
Je sens ma vie en train d’être à travers moi.
Si je fais taire la sensation pour me protéger,
j’empêche alors la vie de se remettre en marche
et je coupe mon processus créatif.
Et je réalise alors… Naitre est un élan :
la libération de cette coquille maternelle
devenue plus étroite que protectrice.
Chaque instant peut être l’occasion une naissance…
sortir de ma cachette. Entrer en scène.
Oser….Vivre.