Du mental établi au singe agité
puis retour à qui je suis née…
Je regarde cette vidéo… ça résonne…
Créer sa réalité…
m’engager dans une pensée dès le réveil,
même si je chute 100 fois…
alors le mental s’organise,
puis les émotions s’organisent autour de cette pensée
puis les énergies s’organisent
puis le corps s’organise…
et les choses se créent.
Passer de l’acte compulsif, à l’acte conscient…
…avoir un mental établit.
Là, d’un coup, j’ai des images qui arrivent…
…ma fille, petite
Debout et focalisée, elle essaye de marcher,
Elle tombe sur ses fesses et se relève.
Elle chute 100 fois et finit par réussir : elle marche
Une autre image : assise au milieu de sa chambre,
calme, silencieuse, précise, focalisée,
dans l’instant présent.
Elle agit, expérimente…
Là, comme un réflexe conditionné,
j’interviens : « Attention ! »
Elle sursaute et renverse, rate ou casse…
Sans mon intervention, elle aurait réussi.
C’est arrivé tellement de fois…
J’interromps et je deviens alors
la source de ce que je redoutais.
Ou bien je me tais et elle réussit.
Là, comme un réflexe conditionné, je crie : « Bravo ! »
Et elle sursaute. Puis elle se met à pleurer.
Je sens que mon bravo pollue.
Il n’était pas nécessaire.
Elle était en train de ressentir en elle
la joie d’avoir réussi.
Je l’ai décentrée de cette état de grâce.
Pire, par mon bravo,
j’ai la sensation d’intégrer en elle
la notion du besoin de reconnaissance,
alors qu’elle n’en avait pas besoin.
Elle faisait pour elle, pas pour me faire plaisir.
Je dérègle quelque chose par mes interventions…
Une autre image : ma fille dort, paisible
et je la réveille… parce que « c’est l’heure ».
Un autre image : ce guide, dans le désert au pied de l’Atlas.
Il me dit « avant l’arrivée de l’école,
l’heure n’avait pas de sens pour nous.
Nos vies se vivaient au rythme naturel de nos corps ».
Et chez nous ? On presse les enfants :
Vite debout, vite s’habiller, vite déjeuner,
vite y aller, vite enchainer la journée,
vite revenir, vite devoirs, vite bain,
vite manger, vite toilettes, vite les dents, vite l’histoire,
vite dodo, ça recommence demain…
Quelle base intérieure cela leur donne-t-il ?
Une autre image : je parle comme un moulin
pensant créer un lien avec elle.
Je parle d’hier ou de tout à l’heure,
ça empêche l’instant présent
mais je ne le sens pas. C’est intégré en moi.
Ma fille intervient : « tu peux arrêter de parler maman ? »
et se love contre moi…
Présence.
Le temps s’arrête.
Une autre fois : on joue
et je me disperse encore. Elle me dit :
« mais, maman ! Il y a toujours quelque chose qui vient interrompre… »
Je me vois : incapable d’être juste là.
Flash back : mes enfants à table.
Ma fille, bébé, regarde sa nourriture,
elle sent, elle touche, prend, mets à la bouche, mâche, savoure.
Elle est tout entière à l’expérience de manger.
Moi, je suis le singe agité dont parle ce sage yogi.
Je me lève x fois de ma chaise
pour aller lancer une machine,
commencer la vaisselle,
répondre à un sms,
revenir manger.
Je la presse, je parle d’autre chose.
Je détourne leur attention sans arrêt.
Je suis sensée être l’adulte, l’être posé, calme
et capable de vivre l’instant, non ?
Toutes ces images vont dans le même sens.
Je me vois rompre leur concentration
avec mes réflexes conditionné, mes principes, mes peurs,
et mes interprétations,
J’empêche d’être dans le présent. Je coupe le ressenti. J’agite.
Je pollue le processus naturel d’apprentissage
par la création et l’expérience.
Et, mois après mois, je les voir changer :
s’agacer, se disperser, s’agiter, pleurer quand ils échouent,
ne plus persévérer, se décourager, renoncer.
Et finalement, ne plus rien avoir envie de faire
à part la télé et les jeux avec des bonhommes
qui ne présentent aucune difficultés,
et ne demandent aucun savoir-faire…
Ou bien je les vois soudainement demander mon avis.
Il ne font plus pour eux-mêmes
mais pour recevoir des compliments.
Ils cherchent la satisfaction à l’extérieure d’eux-mêmes.
Et ils deviennent à leur tour ce singe agité :
imitation, mouvements inutiles,
actes compulsifs, désir perpétuel.
Mais ça n’a pas toujours été le cas !
Leur mental était « établit »,
et j’ai cru nécessaire de les « éduquer »,
d’intervenir, sans arrêt.
Comment faire marche arrière ?
Alors je vois d’autres images…
Ma vie maintenant.
Tout a changé depuis cette idée :
la souffrance n’est pas un état naturel,
il y a un truc à comprendre…
depuis que je me suis vue faire
que j’ai vu mes enfants changer,
j’ai intégré cette certitude :
Il n’a pas de singe, pas d’égo, pas de mental.
Il y a juste un enfant terrifié
qui aurait eu besoin d’une base stable
de présence, de temps et de confiance.
Un enfant sur qui on a projeté
des peurs, des attentes et des croyances.
« Sois courageux, dépêche toi, sois utile, fait parfait… »
Cet enfant a perdu ses repères intérieur et fait de son mieux
pour correspondre aux attentes et être sûr d’être aimé.
Alors, il analyse sans arrêt, parce qu’il a peur.
Il anticipe pour éviter la souffrance d’un nouveau rejet.
Et il souffre quand même parce qu’il n’est plus lui même.
Mais quand il se sent en sécurité totale,
ce que d’aucun nomme le « mental » s’efface naturellement.
Je vois mes 8 années de cartes au trésor,
(21 en fait)… Ou je suis allée rencontrer les peurs
du singe agité en moi. De l’enfant.
Et tout est tombé, jour après jour :
obligation, devoir, perfection,
imposteur, légitimité, compétence,
flemme, procrastination
et incapacité à me poser.
Chaque mémoire a émergé
et le calme s’est fait à l’intérieur.
Et le ressources se sont installées.
Naturel, joie, silence, temps, jeu,
ou au contraire action, force, vie.
Et l’envie de gouter l’instant
en regardant mes enfants être sans intervenir.
Jouer à faire de chaque geste du quotidien
une cérémonie du thé.
Une danse en conscience,
pleine de joie et de gratitude.
L’envie de vide aussi, de rien, pour moi-même
comme un téléphone qu’on pose sur sa base
pour le recharger. Respirer, ressentir.
Et quand je redeviens le singe,
je sais qu’il y a une nouvelle carte au trésor.
Une peur qui émerge.
Et je sais comment la rencontrer
pour qu’elle soit reconnue et puisse disparaitre. .
Alors, petit à petit, sans aucun effort,
mes pensées se posent et s’organisent.
Et petit à petit, mes rêves deviennent réalité.