La discipline : ni rigueur, ni laisser aller
Je voulais méditer, faire du sport, du yoga,
manger sain, me coucher tôt, prendre soin de moi,
pour enfin aller bien et réaliser mes rêves.
Pourtant impossible de faire tout ça.
Pourquoi ?
Carte au Trésor…
C’est comment de faire ce qui est « bien » ?
ça bloque dans tout le corps…
« J’ai pas envie ! » me dit l’enfant intérieur.
Alors je réponds à sa demande,
je lui donne ses doudous :
me coucher tard, manger, téléphoner,
sortir, regarder une série ou un film,
boire, fumer, brûler ma vie…
Pourtant, quand je me couche tard
je me réveille fatiguée.
Quand je me lève sans prendre le temps de courir ou m’étirer
mon corps reste engourdi toute la journée.
Quand je laisse le bazar le soir
je commence mal la matinée.
Quand je ne prends pas de temps de pause dans ma journée
je suis speed, inefficace, dispersée.
Quand je ne prends pas le temps de rire, jouer, m’aérer
je me sens vide, faible, assommée.
Quand je cède à la colère,
je suis encore plus énervée.
Alors je me sens encore plus mal
Alors l’enfant intérieur me demande
encore plus de doudou
comme en compensation.
Cercle vicieux.
De même, si je laisse mes enfants agités,
manger n’importe comment,
se mettre devant la télé, se coucher tard,
pour leur « faire plaisir » ou compenser
ils deviennent plus fatigués, plus impatients,
ils pleurent, s’énervent ou « tombent malades » plus facilement.
Devenir rigoureuse, strict ?
Ne plus rien laisser passer, quitte à devenir agressive ?
Non, ça n’a pas marché :
plus de joie, juste des conflits, des disputes.
Ils se braquent, allant encore plus vers ce qui est interdit…
et moi aussi.
Comme pour se venger…
… se venger !
L’enfant en moi veut peut-être se venger,
saboter. Il se rebelle.
Il veut faire tout ce qu’il veut.
Il a été soumis toute sa vie
à tellement de principes, de règles,
de contraintes, il a tellement été pressé…
Il a agit par pression, pour obéir
par culpabilité, parce que « c’est bien »,
à l’usure, par réflexe conditionné,
ou par peur d’être disputé.
Il ne sent même plus si ça lui convient ou pas.
Il n’a pas vraiment eu le temps d’expérimenter
pour faire ses choix lui-même.
Alors, dès que ça ne concerne que moi,
il se sent en sécurité.
Il exige la liberté,
l’inutile, l’insouciant, l’excès,
tout ce qui n’est pas « ce qui est bien ».
Oui mais voilà,
je n’ai toujours pas réalisé mes rêves, moi !
Et j’écoute une amie parler
de son expérience en Inde
avec son Maitre Yoga.
« Avec 5 minutes de retard,
il ne nous prenait pas ».
Puis j’entends les progrès qu’elle a fait
quand elle a choisi de suivre
les directives de cet homme :
Retrouver la « maitrise » de sa vie
et de son corps aussi.
Et c’est là que je comprends enfin
la notion de discipline.
La discipline,
c’est poser un cadre sain et juste à ma vie,
pour prendre soin de moi.
M’offrir ce qu’il y a de mieux.
Il ne s’agit pas d’être dur, au contraire :
il s’agit de m’aimer assez
pour oser prendre la main.
La discipline sur Soi est à la vie
ce que la grammaire est au poète,
ce que le solfège est au musicien,
ce que la règle du jeu est au sportif,
ce que le mariage est au couple.
La discipline,
c’est poser ce cadre avec la fermeté sereine
du sage qui a l’expérience.
C’est être un père, un Maitre pour Soi.
Elle se décide donc librement,
après avoir testé les possibilités
et ressenti les résultats.
La discipline c’est être Maitre et Disciple de Soi-même
en commençant comme tout bon maître
par montrer l’exemple
et incarner ce que je veux transmettre.
Laisser parfois mon enfant intérieur expérimenter le chaos,
« céder » pour qu’il sente que ça ne mène nulle part.
Et d’autres fois imposer une direction
précisément parce que je l’aime
pour qu’il voit qu’avec l’entrainement
il va pouvoir se déployer.
Rappeler à l’enfant en moi
qu’on sait tous les deux où mène l’autre choix
en revanche, on n’a pas encore essayé de tenir bon
pour voir si la vie serait plus belle…
Lui dire tout bas que les grands de ce monde,
sportifs, écrivains, chercheurs,
méditants, artistes, entrepreneurs,
sont ceux qui se sont fixés une discipline de vie.
Lui rappeler les rêves que nous avons
pour sa vie, notre vie, ensemble.
Ainsi, à partir du moment
où j’ai librement expérimenté
que quelque chose est bon pour moi,
je peux me proposer une discipline.
La discipline,
c’est aussi poser ce cadre avec douceur, sans jugement.
Si une part de moi boude, je souris.
je sais que ce n’est pas facile.
C’est être une mère pour Soi.
Lui dire de me faire confiance
de se laisser guider parce que je le protège.
Lui proposer cette discipline comme un jeu.
L’aimer s’il défaille
pardonner immédiatement,
sans le culpabiliser.
Laisser derrière le passé
même si c’était il y a 10 minutes
et mieux recommencer.
En effet, laisser mon enfant intérieur
faire ce qui n’est pas bon pour lui,
ce n’est pas l’aimer :
c’est le laisser prisonnier de son passé,
de ses mémoires, sa réactivité.
Oui, tout ce qui me coupe de ma discipline
est juste l’indice d’une ancienne douleur,
une nouvelle carte au trésor.
Car contrairement à la rigueur,
la discipline est intérieure.
C’est un choix, issu du libre arbitre.
Et quand ça ne marche pas, je le sais
le petit dedans n’est pas en train de se venger,
il est entrain de me supplier.
Son « écart » est une pulsion de vie,
l’expression de sa souffrance passée :
Quand il a du se soumettre,
obéir à des choses qui n’étaient pas justes pour lui.
Quand il a manqué de liberté,
du droit de faire aussi ce qui ne « faut » pas.
Quand il a dû être docile
sans avoir eu l’occasion d’expérimenter.
Quand il aurait au envie qu’on lui fasse un peu confiance,
tester sans être jugé.
Quand il a été privé, cadré, dressé.
Quand il ne s’est jamais senti assez
et qu’il fallait toujours plus.
Quand il n’a pu n’être que parfait.
Et qu’il n’est pas sûr d’être aimé
s’il choisit de ne pas être discipliné.
Quand il ne le fait pas vraiment pour lui
mais encore pour le regard de l’autre,
pour être aimé, pour impressionné
Ou parce que « c’est bien ».
Quand encore aujourd’hui,
tous les autres sont passés avant
et qu’il s’effondre, trop épuisé
même pour se faire du bien.
Si je viens le rencontrer,
la douleur sera libérée.
Et jour après jour, la discipline se recrée, s’ajuste et s’installe.
Et à chaque fois que je réussis,
quelle fierté ! Quelle joie !
Quelle force intérieure nait en moi
et je peux alors reconnaitre cela :
C’est la force de l’amour pas celle de la volonté,
la force de la joie, celle de la créativité,
un acte de bienveillance envers Soi.
Ainsi, l’enfant moi peut progressivement gouter
le pouvoir de la persévérance
la puissance de la Maitrise Intérieure
à travers son corps et son quotidien,
qui lui ouvrira grand les portes de son Destin.
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