Et s’il n’y avait pas d’égo au sens où on l’entend ? Si l’erreur initiale, le « péché originel » décrit dans la métaphore, était celui-là : juger l’Hommes. Croire qu’ils ont une part en trop, mauvaise, un égo à faire taire, à dépasser, éliminer, maitriser ou mépriser ?
« Péché » vient d’un mot hébreux qui signifie « erreur ». Le « péché originel » était: « goûter au fruit de la connaissance du bien et du mal ». Autrement dit, juger. Croire que depuis ma perception des choses, je sais. Je suis capable de savoir ce qui est bien ou mal, savoir si l’autre est en train d’être bête, mauvais, menteur, manipulateur, méchant, et qu’il le « fait exprès » et devrait faire autrement. Ou bien si, en réalité, il souffre et se débat à travers ses mots ou les actes que je condamne, intransigeant.
L’Autre… ou moi-même d’ailleurs.
Et si ce fruit avait été défendu pour une bonne raison ? Parce que je ne peux pas « voir » : mes blessures d’enfant filtrent et influencent ma vision des choses. S’il m’avait été défendu pour me protéger ? Parce que seule une Conscience Globale peut comprendre que telle attitude, tel « égo », est en fait un appel à l’aide de l’enfant intérieur et si je le juge, alors je vais me juger, moi aussi.
Certains sages actuels parlent de l’égo comme une part contre laquelle nous devons lutter. Mon expérience est autre: c’est lorsque j’ai entendu ce qu’elle tente de me dire si fort qu’elle peut s’apaiser et enfin m’aider.
« Péché » vient d’un mot hébreux qui signifie « erreur »…
anne-charlotte
D’où vient cet « égo » qui semble causer tant de soucis ? Et bien le petit d’homme nait à priori vierge et ouvert. Souriant quand il va bien et pleurant quand il a mal ou besoin d’aide. Il ne peut pas grandir seul, il ne sait pas se débrouiller ou se défendre seul. Il a besoin des soins d’un adulte, d’une protection, quoi qu’il fasse. A la seconde où un adulte le regarde autrement qu’avec compassion bébé se sent en danger, comme s’il allait être abandonné. Les yeux sombres, critiques, jugeants voir une souffrance physique, un regard plein d’agacement, d’attentes ou d’interprétation, sont autant de traumatismes subis par le petit enfant.
Quoi de plus terrifiant que le rejet et l’agressivité d’un adulte dont je dépends totalement? Quoi de plus terrifiant que d’être fragile et sans défense face aux personnes supposées me protéger? Cette peur le paralyse et il se met à pleurer pour évacuer cette sensation insupportable. Mais entre temps, son cerveau Reptilien a mémorisé le lien de cause à effet : ce qu’il a fait et la réaction de l’adulte. Il faut qu’il trouve une solution pour que ça ne recommence jamais…
Il veut s’assurer de plaire : c’est une question de survie…
C’est ainsi qu’il sort du besoin de Réalisation (être Soi) qui lui était si naturel et qu’il a un besoin d’appartenance (être protégé) et de reconnaissance (être validé). Il guette les regards, se conforme aux avis, opinions, jugements et recherche les compliments.Il se plie, se soumet, se contraint pour correspondre aux attentes, au « bien », au « normal ». Il fait taire son élan initial: découvrir le monde, tester, être, oser, comprendre, sa confiance en lui, sa force.
Il veut s’assurer de plaire et éviter d’autres rejets jugement : c’est une question de survie… Ou bien il se rebelle, furieux mais tout aussi insécurisé, conscient que quelque chose n’est pas normal dans les réactions hostiles de ces adultes si prompts à le sanctionner. Des adultes qui lui disent de parler poliment mais qui lui parlent si mal quand eux sont énervés…
Et une fois adulte, ce personnage artificiel est devenu une Part Gardienne inconsciente.
Comme un écran, une armure faite de la mémoire de toutes ses expériences passées, les vérités imposées sous couvert d’éducation, les réactions à chacune de ses attitudes, et il reproduit.
Parfois, son élan vital se manifeste : colères, impatiences, addictions, besoin d’exister, de recevoir, d’être vu, reconnu, de contrôler. Ou au contraire une sensation de dépression, mélancolie, désespoir, ou des « défauts ».
Ils sont le signe de sa souffrance, cette frustration ancienne qui resurgit quand c’est trop dur. Mais il ne comprend pas: il se juge lui-même, encore, et tente de se faire taire, encore plus fort. Pire, il se trouve de bonnes raisons pour continuer…
Il ne voit pas derrière tout ça, son petit enfant-intérieur, toujours là, terrifié, qui attend juste d’être entendu et reconnu.
Tout comme moi, l’autre est le fruit de ce qu’on a fait de lui, enfant. Tant qu’il n’en prend pas conscience – parce que ça fait trop mal, trop peur – tant qu’il ne rencontre pas sa vie comme une Carte au Trésor, il rejoue son passé au présent. C’est ce que les sages appellent Maya, l’illusion.
Inutile de le juger à mon tour, de le forcer ou de vouloir le changer : je ne ferai qu’aggraver les choses, ancrer ses résistances. Je peux simplement comprendre qu’il ne le fait pas exprès, pardonner son inconscience, voir la souffrance de celui qui me fait souffrir. Mieux ! Je peux l’aimer inconditionnellement, pour mettre fin au cercle et le sortir de là.
Me redresser, m’aimer moi, sortir du « jeu de rôle » que nous jouions jusqu’ici, sans me soumettre ni contre-attaquer. Là, notre lien devient authentique. Sans jugement de ma part, sans réaction autre que la compassion, il n’a plus la main. Ses défenses tombent, sa peur remonte : il est boulversé, son armure est comme percée. Son « salut » était entre mes mains.
« Impossible de rester calme et posé, ça me touche trop fort ! » Bonne Nouvelle : c’est que je suis face à ma propre Carte au Trésor. L’autre est lui-aussi le chemin vers mon « salut » !
Quel pied ! Comme c’est simple ! Je n’avais pas compris et maintenant je sais… C’est la fin de ce que je pensais être mon Monde, l’Apocalypse !
Apocalypse vient du mot latin apocalypsis (« révélation ») qui vient lui même du mot grec qui signifie « le voile est levé ». Le voile qui obscurcissait mes yeux est levé : maintenant je sais. Je ne peux plus faire semblant. Je sais que l’autre est le miroir de moi et inversement. S’il me fait réagir, j’ai une part de moi à récupérer. Si je trouve la paix alors je peux la donner. Je me transforme puis l’Autre se transforme. Et bizarrement, le monde se transforme à son tour et je n’attire plus les mêmes situations.
Je suis comme Néo dans Matrix : je vois le « code » Bienveillant à travers la « réalité ».
Je n’ai plus aucune raison de rester dans la peur, la colère, le manque ou le malheur…
Je suis devenu capable de voir l’enfant derrière chaque attitude ou réaction de l’Autre, si terrible semble-t-elle. A quoi bon rejeter ce bébé ? Il est déjà perdu et terrifié. Il cherche une main tendue, dans le noir de ses peurs…
Au lieu de le condamner, je peux utiliser mon temps et mon énergie à faire mes propres cartes au trésor. Me servir de mes ressentis pour remonter jusqu’à mon enfant intérieur. Alors je trouve la paix, quoi qu’il se passe autour. Et plus rien ne peut la troubler… il n’y a même plus à pardonner… Je rayonne de compassion sans effort pour tous. C’est le dernier jour où je juge : le jour du jugement dernier.
Alors l’autre se transforme à son tour. Appaisé par mon regard sans jugement, guidé par ma perception des choses, reconnu dans sa souffrance, il se détend et se libère.
Il apprend à se comprendre et s’aimer lui-même. Soudain, ses actes et ses mots destructeurs cessent, sans effort. Mieux ! il rayonne à son tour, autour de lui.
Et ainsi, de proche en proche, la compréhension et la compassion s’étendent, faisant de nous tous des « Messies » les uns pour les autres, sans aucun effort. Cette Terre Promise – déjà là, si magnifique – devient progressivement un Paradis.
C’était ça le plan depuis le début !
C’est une réaction en chaine, jusqu’à ce que nous sortions tous de nos Matrices, jusqu’à cette Unité sereine, joyeuse et paisible qui devient palpable. Une monde où chacun est simplement lui-même, sans excès nécessaire.
Beau programme n’est-ce pas? Et ça a déjà largement commencé.
Vous pensiez que c’était la fin du monde? Rassurez-vous : ce que vous voyez dans les journaux ou dans le monde, c’est ce qui a été tu si longtemps et qui est révélé au grand jour, partout. Les langues se délient, l’interdit, la morale, l’éducation, tout ce qui est né des jugements et des certitudes, de l’unique ou de la norme, saute.
Tout se sait et s’affirme haut et fort: « j’ai le droit d’être différent, de penser différemment et c’est ce qui fait ma force ». La science démontre chaque jour la bienveillance du vivant et la richesse de la diversité.
L’explosion est forte parce que le silence et la soumission ont été longs... ça va s’apaiser progressivement.. comme un bébé après avoir pu pleurer.
C’est chaotique ? Désagréable ? Gardez confiance : un plombier qui débouche les toilettes commence toujours par faire remonter la « merde » avec une ventouse. Quand on assiste à ça de l’extérieur, on se dit que ça va être la cata… Puis, il tire la chasse une fois le tuyaux libéré. Et l’eau belle et transparente peut alors circuler à nouveau et évacuer librement l’inutile.
Nous avons une seule chose à faire : écouter les cris de notre enfant intérieur et venir le prendre dans nos bras.. Devenir, un processus après l’autre, ce Soi unifié et apaisé, la pièce du puzzle que nous sommes venu incarner.