…de l’orgueil à la Puissance
Insupportable…
Elle me parle comme si j’étais simple d’esprit
Elle s’adresse à moi avec une sorte de hauteur
comme si j’avais 12 ans
et que je n’avais rien compris à la vie.
Et elle répond à ma question comme si elle avait tout compris
et que j’avais encore du chemin à faire.
Et pourtant, vu ce qu’elle vient de dire
elle n’a compris ni ma question,
ni même la réponse !
Murée dans ses certitudes
son jugement sur moi et sur la vie
ça fait des mois qu’elle m’évite.
Elle me regarde avec tant de mépris
si sûre de ce qu’elle pense que je suis…
Ça fait mal ce regard.
Ceux des gens du passé
qui me maintiennent dans ce que j’ai été.
Ceux des gens d’aujourd’hui
qui écoutent et regardent
accrochés à ce qu’ils interprètent que je suis.
Quoi que je fasse de bien,
ce n’est pas vu ou pas assez.
Et à la moindre erreur…
« Ah, je te reconnais bien là ! »
A croire que mes failles vous font plaisir.
Ça fait mal…
…comme un boule dans la gorge
qui m’étouffe.
J’ai peur de bouger, de parler, de sortir,
d’être et d’agir…
…comme si j’étais plus en sécurité
cachée derrière mes postes Facebook ou la télé
au moins là, je ne ressens pas les regards.
Sans cette peur, je serais libre !
Je pourrais les laisser parler
me concentrer sur l’essentiel :
ma vie, ma famille, mon travail, mes projets.
Exit le « qu’en dira-t-on » !
Je pourrais faire des erreurs sans peur.
Oser enfin essayer…
Je n’arrive plus à me concentrer.
Je pense au ton de cette femme.
C’est comme si son opinion sur moi et son regard
faisaient de moi ce qu’elle voit.
Je passe tant d’énergie à imaginer
ce que je pourrais dire ou faire de plus,
de mieux, de différent,
pour montrer qu’elle se trompe sur moi,
pour pouvoir enfin stopper ses jugements
et être vraie et sans peur quand elle est là..!
Mais ça ne sert à rien.
J’ai déjà essayé avec d’autres :
C’est comme s’ils avaient besoin
que je sois ce qu’ils voient :
bête, perché, folle, hystérique, inconsciente,
entretenue, irréaliste…
Et comment leur en vouloir ?
J’ai fait exactement pareil !
J’ai jugé moi aussi,
j’avais besoin de mettre dans des cases.
J’ai interprété moi aussi, sans savoir,
sans rencontrer vraiment l’autre.
Je ne peux pas changer ça,
mais je peux me changer, moi.
sortir la peur.
Bon sang, mais je viens pourtant
de la faire, cette carte là !
Pourquoi cette situation revient ?
Pourquoi je me sens si mal ?
M’aimer ne suffit donc pas ?
Carte au trésor…
… c’est comme une boule brûlante dedans…
… j’ai envie de pleurer
comme ma fille quand je lui fais une remarque
et que ça l’effondre en larmes.
Non… ce n’est pas vrai, ce n’est pas ça.
J’ai pas envie de pleurer cette fois.
Ce ne sont pas des pleurs cette sensation…
c’est autres chose… mais quoi ?
…c’est comme une main….
…une main qui agrippe dedans…
de la gorge au plexus
et me prend toute la poitrine.
Ça fait…
Comme un plaque de métal sur mon torse…
…avec un boule au centre.
Je vois…
Iron man… Stark…
…l’homme qui balaye n’importe quelle remarque
d’une repartie ironique et puissante.
Quel pied ce serait d’avoir cet aplomb !
cette confiance absolue !
Arrogant…
Oui, pour beaucoup,
Iron man est à vomir d’arrogance.
Et boom, remontent alors
toutes les remarques que j’ai reçues enfant
du temps où j’avais encore confiance en moi :
arrogante, insolente, impertinente
– surtout quand c’était pertinent –
« ne réponds pas ! » : je réponds pas je me défends
puisque tu m’agresses et me juges
sans même écouter…
J’entends les phrases blessantes pour me casser,
« Bassinot tu nous Bassine », « ramène pas ta fraise Charlotte »
pour me fragiliser, me « remettre à ma place ».
Quelle place ?
Petite, inférieure, ignorante…
Des adultes qui reproduisent sûrement
ce qu’on a fait sûr eux
au lieu de comprendre que l’enfance
sert justement à construire sa confiance.
Des larmes de compassion
jaillissent dans mes yeux
pour cette petite qui a tellement pris.
Je comprends à nouveau
ses milliers de mots pour se justifier
et ne plus être rabaissée.
Ces mots qui lui valent justement
toujours plus de ressentiment.
Elle a fini par parler
comme on brandit un bouclier
ou bien se terrer chez elle dans le silence
pour éviter la douleur.
Voilà pourquoi cette sensation
d’être misérable s’accroche ! J’ai compris !
La carte « pile », m’a permis de comprendre que
parler était né en moi pour me défendre, me justifier.
Etre misérable, la carte « face »
c’est pour éviter la douleur des réactions
de ceux qui ne laissent pas à l’enfant le droit d’avoir raison.
D’avoir ses raisons. Sa propre raison.
Mieux vaut rester « gentille », insécure, « faible », s’excuser d’exister,
on attire la pitié ou l’instinct maternel du sauveur.
Etre autonome déployer sa puissance,
même dans le respect des autres
c’est beaucoup trop dangereux pour un enfant !
Je comprends que passer outre les avis,
me passer de reconnaissance extérieure,
c’est donc un risque aussi
que mon corps a mémorisé.
Redevenir ma part yang, Ironman,
fort et à pleine puissance,
est un danger
qui m’a valu la violence
de ceux qui l’ont jugée…
Ils appellent cela Ego,
comme si l’éveil ou même l’humilité
impliquait un quelconque manque de confiance en soi,
ou un manque de dignité.
J’ai déjà traversé la carte de l’humilité :
j’ai appris à me remettre en question
et que chaque certitude ou affirmation
n’est qu’une nouvelle carte au trésor.
Il n’y a aucune vérité que l’on peut
imposer comme étant La Vérité.
Alors on continue… Carte au trésor :
« Comment ce serait de te sentir pleinement légitime
Au milieu même de la critique ? »
Je laisse monter l’angoisse…
mais elle est déjà partie.
J’ai une sensation de plein dans la gorge.
Ce n’est plus ce vide
qui me donnait envie de manger
ou téléphoner pour le combler.
Je sens un plein impératif et puissant.
un plein qui m’interdit de mettre
quoi que ce soit de plus dans cette gorge :
pas de « désolée » coupable d’être soi,
pas de justification.
Pas de plaintes à raconter des problèmes
que j’invente presque pour attirer une pitié
plus douce que les jugements que je redoute.
Pas de question
dont je sais les réponses
puisqu’elles sont toutes en moi.
Pas de conseils aux autres non plus
puisque l’autre est aussi puissant que moi
et a lui aussi toutes ses réponses en lui
même s’il ne le sait pas.
Assise en tailleur, en silence,
je n’ai plus rien à penser ni à faire.
Je suis comme un smartphone
qu’on laisse tranquille le temps qu’il se recharge.
L’intérieur est devenu mon refuge.
Dedans je suis chez moi
un lieu paisible où je suis en sécurité,
avec les parents dont j’ai toujours rêvé :
La mère intérieure
qui m’aime quoi qu’il arrive,
valorisante, patiente,
elle me voit et reconnait ma valeur.
Et je peux me nourrir de cette reconnaissance
jusqu’à plus soif sans plus avoir à me nourrir au dehors.
Et maintenant, le père intérieur
fier, qui veut pour moi le meilleur
et me pousse à exiger plus
à me tenir à mes disciplines,
pour faire de ma vie un chef-d’oeuvre.
Et qui me laisse chuter sans me juger
autant de fois que nécessaire.
Je m’installe dedans mais le stress remonte.
J’entends les mots qui viennent avec lui :
« Tant d’amour pour soi,
quelle suffisance, quelle égotisme…
Tu te prends pour qui ? »
Je laisse monter et la sensation passe.
« Ne rien faire de ce temps libre,
c’est inadmissible, bouge ! Paresseuse ! »
Je laisse monter et la sensation passe.
« Cherche il y a forcément quelque chose à régler,
quelque chose en toi qu’il faut encore changer !
Tu te trompes, tu as trop confiance en toi.
Ce n’est pas si simple, Orgueilleuse ».
Je laisse monter et la sensation passe.
Voilà donc pourquoi la méditation
est une thérapie en soi
comme les séjours Vipassana !
Chaque pensée qui monte
en me laissant traverser par l’émotion
est comme une nouvelle carte au trésor que je traverse.
Elles s’enchainent…
Un peu comme dans « Soul », le Disney,
les voix intérieures attaquent :
« Va manger. Dors…
Tu ne sais pas méditer.
Suffisante, arrogante…
pour qui tu te prends ! ».
Certains parlent d’auto-sabotage,
de démons intérieurs.
D’autres appellent ça le mental
et disent qu’il faut le faire taire.
Mais il n’y a pas de mental à faire taire.
Rien n’est là par hasard
tout existe pour servir le vivant, la survie.
Ainsi, ces mots, c’est encore ma part gardienne :
de toute ses forces, elle me barre le chemin de la réussite
parce qu’elle a intégré en elle que c’était plus sécure,
Ben oui, sinon pourquoi l’enfant
aurait-il été tant cassé et empêché
quand il était insouciant,
quand il était heureux,
quand il était confiant,
quand il était déterminé,
quand il était puissant…
Ma part gardienne
l’a mémorisé et automatisé
pour éviter à l’enfant intérieur
de vivre à nouveau ces douleurs
qu’il a subi dans le passé…
Ma part gardienne me protège
du « danger » qu’elle croit être
l’envie, l’audace, l’aventure,
la confiance, la foi, la joie.
Tout ce qui faisait réagir
les adultes autour de moi.
Je n’ai pas à la faire taire,
juste à accueillir ses peurs,
l’angoisse qui monte
quand je ne me soumets plus à elle
et ses réflexes de défense et de replis,
quand je me redresse comme Tony Stark,
et la sensation passe…
Je la reconnais alors, elle-aussi :
« Merci d’avoir été là pour me protéger,
ce manque de confiance m’aura évité maintes fois
d’en prendre plein la figure ».
Je la rassure :
« Tout ira bien maintenant,
je sais que leurs mots et leurs regards
ne peuvent pas me toucher,
ni me blesser physiquement.
Si tu veux me protéger,
tu peux me redresser, me laisser exister.
Je suis ‘grande’ maintenant,
je peux prendre soin de mon enfant intérieur,
quand les mots et les regards lui sont trop violents ».
La peur monte pourtant encore d’un cran,
ma part gardienne s’accroche…
…j’ai vraiment dû en prendre plein la figure enfant…
…C’est douloureux,
comme si j’allais étouffer, mourir…
…et cette sensation passe, elle-aussi.
Quelle force d’illusion, la peur…
Je deviens capable de rester immobile.
J’ai atteint l’autre rive…
Boom ! Montent alors toutes les ressources
que la peur me cachait :
l’envie, l’audace, l’aventure,
la confiance, la foi, la joie.
Je respire pleinement…
Mince… il reste comme un manque…
un vide, une faim….
Alors j’entends un instinct, une petite voix dedans :
« Habille toi et fais-toi belle,
et puis danse, chante,
sors, cours, nourris ton besoin de soleil,
et d’air frais. Ressource-toi !
Cette sensation de vide
est un besoin de vie ! »
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