On ne peut donner que ce qu’on a reçu
J’ai reproduis.
Malgré toute ma conscience des choses
malgré le mal que ça a pu me faire
j’ai reproduis exactement
ce comportement de mes parents.
C’est dingue !
Si je suis le fruit de l’évolution
je devrais être capable de faire mieux
plutôt que de faire pareil
alors que ça m’a fait du mal
et que je m’étais jurée de ne pas reproduire !
Carte au trésor.
-Comment c’est dans ton corps
de faire différemment ?
-ça fait… comme une urgence.
Comme si ce n’était pas possible…
Quelque chose me pousse à faire ça,
c’est « plus fort que moi ».
-Ok, alors laisse être cette sensation,
laisse toi sentir cette urgence.
Ça monte dans tout mon corps.
ça me pousse, ça presse.
Je laisse monter encore la sensation
qui se présente quand je m’empêche d’agir.
Et soudain, les larmes coulent…
La petite dedans pleure sa souffrance.
C’est comme si une part de moi
pour supporter ce qu’elle vivait alors
avait enregistré : « c’est ça qui est juste,
c’est comme ça qu’on fait avec un enfant.
Car mes parents m’aiment et ils sont là pour me protéger.
Ils font donc forcément ce qui est le mieux pour moi. »
Le contraire crée un stress insupportable…
Alors je mets tout haut des mots :
« Anne-Charlotte, je comprends ce que tu as vécu.
Tu t’es senti seule, incomprise,
tu t’es senti mal et en danger.
Ce n’était pas normal ce qui s’est passé.
Il n’est pas besoin qu’un enfant
se sente mal pour faire mieux.
Tu aurais dû avoir le droit à l’erreur
et être accompagnée
sans violence physique ni verbale.
Sans critique, moquerie ni culpabilité…
Je suis désolée,
ça n’aurait pas dû se passer comme ça.»
Les larmes coulent encore…
Celles de la petite, soulagée d’être enfin entendue,
que sa douleur soit reconnue
et non plus justifiée ‘’sous couvert d’éducation’’.
Les larmes de la grande moi aussi,
la femme, pleine de compassion.
Elle comprend enfin qu’elle a vraiment souffert enfant,
malgré son souhaite de protéger l’image
qu’elle avait de ses parents.
J’ai levé le voile, recontacté ma réalité.
Pourtant quelque chose semble résister
une colère monte, comme enragée
Je laisse à nouveau les mots sortir :
« Mais c’est pas juste !
Si c’est si simple de faire autrement…
alors ça veut dire qu’ils auraient pu eux faire autrement
et que j’ai souffert pour rien !
-Oui, je suis désolée. Tu as souffert pour rien.
Tes parents ont fait ce qu’ils ont fait
pour la même raison que toi :
Ils ont reproduit inconsciemment
ce qu’on a fait avec eux…
Toi tu as la chance
d’avoir eu le souvenir de ce qui s’est passé
la conscience d’être entrain reproduire
et les outils pour libérer l’origine de ce comportement.
J’aurais aimé qu’ils puissent l’avoir aussi
comment ils l’ont d’ailleurs maintenant.
Je suis désolée que tu aies souffert tout ça.
Les larmes coulent et les sanglots montent
la rage fait place au désespoir
les larmes comme un torrent balayent les regrets
tout ce que ce mon anfance aurant pu être et ne sera jamais.
Je fais le deuil.
Et tout s’apaise enfin.
« A partir d’aujourd’hui, tout va changer.
Moi je suis là pour toi
et je vais te protéger. »
Et je pose encore les mots :
tout ce que la grande moi
s’engage à faire pour la petite.
Une fois de retour à la maison,
dans la même situation, tout est différent.
Ce que je viens de reconnaitre
ce que je me suis engagée à faire pour la petite moi
je suis devenue capable de le faire pour mes enfants.
On ne peut donner que ce qu’on a reçu.
Ainsi, pour chaque comportement que je reproduis,
la carte au trésor est différente.
Mais chacune d’elle me permet de la même façon
de venir rencontrer la douleur à l’origine de mon comportement
la reconnaitre, ce qui a pour effet de la libérer.
Puis, naturellement et sans effort
je cesse ensuite de reproduire.
C’est reproduire qui est un effort
c’est devenu insupportable…
Magique ? Non.
Nous n’avons aucun défaut,
aucun vice, aucune déviance, aucune addiction, ni fantasme.
Nous avons des parts gardiennes qui pensent bien faire
et défendre l’enfant intérieur à partir de leur expérience passée
Elles agissent pour nous protéger et nous n’en avons pas idée.
Alors on se critique, on se juge, on s’empêche
sans se comprendre.
Nous sommes nés vierges et purs
comme tous les bébés.
Et nous le sommes toujours à l’intérieur.
Ce bébé attend patiemment de reprendre toute la place
une fois qu’il se sentira en sécurité.
Mais il s’agit d’abord de contacter
cette douleur originelle et la souffrance qu’elle a causé.
Et ce n’est pas plus compliqué
qu’une séance de carte au trésor.
Après quoi, changer n’est plus une option
c’est une évidence qui se fait naturellement :
Ce n’est pas changer, c’est redevenir Soi.
Je suis fait de compassion et de bienveillance
et une fois que je peux me les apporter à moi
je peux les apporter à mes enfants aussi.
« Their violence was petty and ignorant […]
but the real violence
the violence that I realized was unforgettable
is the violence that we do to ourselves
when we are too afraid to be who we really are ».
Nomi, Sense 8, Saison 1 Episode 9
Quand nous n’avons plus peur, ni mal dedans,
nous redevenons enfin ce que nous sommes vraiment.