De la rébellion à la liberté
Quand un bébé veut apprendre,
il ne sait pas qu’il ne sait pas,
il ne se juge de ne pas savoir,
il ne se demande pas si c’est possible.
Il va vers ce qu’il veut, confiant.
Il fait un essai, puis un autre.
Il teste tout dans tous les sens.
Il apprend de chaque expérience.
Parfois il refait plusieurs fois la même chose
pour être vraiment sûr que ça ne marche pas.
Il n’a aucune notion du temps
il n’a donc pas besoin de courage
de persévérance ni même d’espoir.
Il est, tout entier, son expérience.
Il jouit de ressentir ce qu’il fait.
Il vit.
Et parfois il réussit !
Réalisation de Soi.
Tout petit il n’appelle pas le parent pour dire « regarde »….
Au contraire, il savoure ce qui se produit,
il rit !
Il goûte la joie de réussir.
Il le refait encore et encore.
Il se nourrit de cette joie
jusqu’à en être complètement rassasié.
Puis il voit autre chose
et il recommence une nouvelle expérience.
C’est l’apprentissage naturel de l’enfant.
Jusqu’au jour ou un parent
fronce les sourcils pour dire « c’est pas bien ».
Parfois le parent pense même
que l’enfant fait « exprès »
qu’il « sait » que ce n’est pas bien.
Son cadre de référence lui semble si évident
Qu’il n’imagine pas qu’on puisse en avoir un autre…
Dessiner sur les murs, cracher, crier, casser, faire du bruit,
répondre pour défendre son point de vue
face à un adulte c’est « mal ».
Tout le monde sait ça…
L’enfant voit la colère et le rejet du parent.
Et il découvre la peur de mourir.
car pour un enfant, le rejet est réel:
il sait que sans de son parent,
il ne peut pas survivre,
il a besoin de lui sans quoi il est en danger.
Alors naît la peur d’essayer…
Mais c’est dans sa nature
alors il replonge dans l’instant
et la joie de vivre.
Il crée de nouvelles expériences…
Et puis le parent sourit et dit « c’est bien ! ».
L’enfant comprend donc
qu’il peut faire certaines expériences.
Et ces expériences peuvent
lui apporter l’amour de son parent.
Alors il se détourne de la joie
de l’expérience pour l’expérience
du plaisir d’apprendre et de découvrir
qui il est et ce pour quoi il est fait.
Il va faire pour chercher les « c’est bien ».
Il va dire « regarde maman » !
Il va « correspondre ».
Le « c’est bien », c’est la garantie que l’adulte
ne va plus froncer les sourcils .
Il est en sécurité.
Et puis l’école arrive et décide
ce qu’il faut apprendre ou non
et comment il faut l’apprendre.
A quel âge et de quelle façon.
Des classes tellement pleines
avec tellement peu d’occasions de sortir des sentiers battus
que le professeur n’a que le choix de standardiser
et punir pour gagner du temps et de l’énergie.
Il n’y a plus d’espace même pour lui d’exister.
Le cerveau limbique et le Néocortex
qui fonctionnent avec le plaisir et l’enthousiasme
les ressentis agréables
perdent leur fonctionnement naturel.
Le reptilien prend les commande,
en mode sauvegarde.
L’école condamne certaines expériences
comme être en colère, ou ne pas se laisser faire.
Elle impose telle ou telle compétence
sans laquelle l’enfant va « rater sa vie ».
Elle juge l’expérience en réussie ou ratée.
Elle note, oriente, contraint, limite ou force.
Une étude à démontré que 98% des enfants naissent « génie ».
Puis il n’en reste plus que 40% après le primaire
20% après le secondaire.
2% après l’université.
Là, la créativité et la capacité à innover
ont disparut, les enfants ont appris à correspondre
à un modèle standard.
Dressé à obéir,
l’enfant apprend parce qu’il faut.
On le dit alors « bien élevé », éduqué.
Il ne sait plus dire non, il ne sait pas se défendre,
il a perdu sa capacité à oser,
traverser l’échec avec joie,
inventer, ressentir, vivre,
embrasser ce qui est, ce qui vient…
mais il est « apte » à vivre en société.
Il pense savoir ce qui est bien ou mal.
Dire non a l’autre et oui à soi
c’est « égoïste » ou méchant ».
Être en colère, c’est « pas beau ».
Répondre c’est insolent.
Se salir et abîmer ses vêtements c’est pas bien.
Alors il dit oui, il sourit, il est tout propre
et il a de bonnes notes
et les adultes sont rassurés…
Il est « normal »…
En grandissant il a oublié qu’il peut survivre
sans plaire à qui que ce soit.
Oublié qu’Il est libre de se laisser être…
Il a oublié car la peur de perdre l’autre
a été mémorisée dans sa part gardienne,
son cerveau reptilien,
qui agit pour le protéger
comme en pilotage automatique.
L’enfant devenu grand
il n’a pas conscience
que c’est cette peur qui conditionne
tous ses actes et ses propos.
A l’intérieur, il est mort.
Et puis un jour, il devient ado
Plus fort, il veut se sentir libre.
-mais sans perdre l’amour des autres.
Alors il va jouer à être libre,
à ressentir des sensations
A faire de nouvelles expériences.
avec ce qui n’est risqué que pour lui :
alcool, nourriture, sexe, drogue, jeux,
sports extrêmes voire carrière et argent…
On lui dit que c’est mal
mais ça ne fait du mal qu’à lui.
alors il se dit « je fais ce que je veux ».
Et il ose à nouveau essayer. ..
…il était mort et il ressent à nouveau
Il se sent enfin vivant.
Il retrouve le goût de la liberté.
Il ne sait toujours pas qui il est
ni ce qui le fait vraiment vibrer.
Il ne sait pas non plus où il va.
Il ne sait toujours pas dire de vrais non
parce que ses non sont toujours contre quelqu’un
et pas pour lui.
Et doute de tous ses oui.
Il se planque, n’ose pas s’engager.
Il ne fait pas ce qu’il a envie de faire.
Il n’a d’ailleurs plus envie de rien.
Il fait ce qu’il faut pour survivre
et ses addictions l’aident à se sentir libre.
Le confinement fut une expérience extraordinaire,
l’occasion unique de tout remettre en question.
On mange quand on a faim, on dort quand on a sommeil.
Plus d’horaires plus d’obligations,
Ne plus correspondre à rien ni personne.
Une fois nos excès accueillis pleinement
sans culpabilité ni honte
Une fois leurs conséquences ressenties consciemment
autant de fois que nécessaire,
sans réprimande extérieure,
j’ai acquis l’expérience,
la sagesse,
la connaissance.
Je ne crois pas, je n’obéis pas, je sais.
Et je passe naturellement à l’expérience suivante…
Et ainsi de jour en jour,
je retrouve le sens de l’innocence,
l’intensité de la curiosité
la sérénité de l’instant présent,
la saveur de l’expérience
le piquant du résultat désagréable
le délice de tester, essayer, oser, être…
La satisfaction de pouvoir faire les choix suivants
en connaissance de cause et pas parce que c’est bien.
L’extase d’ouvrir toutes les portes,
toutes les fenêtres et les volets
les tiroirs, les placards, les boîtes de la maison
que sont mon corps et ma vie en cet instant….
La joie de Vivre intensément